1864, en rade de La Pallice…

Le 18 février 1864, le sous-marin Le Plongeur s'immerge pour la première fois en eau libre au large de La Pallice. Il mesure 44 mètres de long et 6 mètres de large et peut embarquer 7 à 9 hommes d'équipage.

Le Courrier de La Rochelle du 13 février 1864 écrit avec enthousiasme :

Hier soir, à six heures, le vapeur de l'État, La Vigie est entré dans le bassin de La Rochelle remorquant le bateau sous-marin Le Plongeur.

Aujourd'hui, les quais du bassin ont constamment été couverts d'une foule de curieux, admirant l'étrange construction de ce navire et essayant inutilement d'en comprendre l'organisation, le but et la manœuvre.

[...]

Le Plongeur n'a pas été inventé pour étudier les mœurs des poissons et l'intérieur des mers. C'est un navire de guerre et un redoutable engin de destruction. Son avant porte un large éperon en forme de tube. Cet éperon contient une cartouche vide, dans laquelle on peut placer de la poudre, une bombe incendiaire.

Une flotte ennemie est à l'ancre, Le Plongeur s'approche d'un bâtiment, dans lequel son dard fait une large blessure où reste l'aiguillon de l'abeille. Il se retire promptement en déroulant un fil métallique. Lorsqu'il est à une distance où il se sent à l'abri du danger, une étincelle électrique détermine une explosion terrible.

On peut du même coup, au moyen d'une réunion de fils électriques, enflammer plusieurs navires et détruire toute une escale.

L'amiral Simeon Bourgeois
L'amiral Siméon Bourgois

Ce navire a été construit à l'arsenal de Rochefort, sur les plans du commandant Siméon Bourgois et de l'ingénieur Charles-Marie Brun.

Son capitaine est le lieutenant de vaisseau Marie-Joseph-Camille Doré, natif de La Rochelle.

Le sous-marin a une caractéristique importante : sa propulsion n'est plus manuelle, mais s'effectue au moyen d'air comprimé à 12 bars, contenu dans 23 réservoirs, ce qui explique ses dimensions importantes.

Lors de sa plongée, il rencontre des soucis de stabilité : l'absence de gouvernails horizontaux le rend difficile à contrôler. Il pique facilement du nez et finit par labourer les fonds vaseux…

Il est en outre facilement repérable par les bulles d'air qui montent en surface.

Il est désarmé dès 1867.

Maquette du sous-marin Le Plongeur, Musée de la marine, Rochefort
Maquette au 1/33e en section longitudinale du Plongeur, Musée de la marine, Rochefort
Sous-marin Le Plongeur, 1863. Coupe
Sous-marin Le Plongeur, 1863. Coupe. Freshwater and Marine Image Bank, univ. Washington
Plan du Plongeur, Art naval, Exposition universelle de 1867
Plan du Plongeur, Art naval, Exposition universelle de 1867

 

Jules Verne a visité le chantier du Plongeur en 1862 et en a examiné la maquette présentée à l'Exposition universelle de 1867.

 

Le Plongeur a inspiré largement le Nautilus du capitaine Némo : Vingt mille lieues sous les mers est publié en1869.

Quand vingt ans plus tard, Dupuy de Lôme, Gustave Zédé et Romazzoti étudient le projet du Gymnote, premier sous-marin torpilleur électrique lancé en 1888, ils s’appuieront sur l'expérience du Plongeur.


Le Plongeur finit — un peu tristement — sa vie comme bateau citerne à vapeur pour acheminer de l'eau douce aux navires de guerre devant Rochefort jusqu'en 1937.

Le Plongeur, transformé en bateau-citerne
Le Plongeur, transformé en bateau-citerne

Enfin…

une belle exposition virtuelle du Musée de la marine à Rochefort est consacrée à Jules Verne accompagnée d'un petit dossier sur l'histoire des sous-marins.

Le Deutsches Museum de Munich en présente une maquette moderne, avec le bateau de sauvetage mis en exergue.

Maquette du Plongeur. Deutsches Museum, Munich
Maquette du Plongeur. Deutsches Museum, Munich