Le Moth "Gouget" en forme, ou le petit dernier de la Petite Plaisance

S’il est une série passionnante pour avoir beaucoup excité la créativité des architectes et des constructeurs, c’est bien celle des Moth. L’histoire du Moth "Alu" ou Moth "Gouget" en est un bel exemple.

Le Moth sur remorque de route. Photo Alain Barrès
Photo Alain Barrès

 

 

 

Monsieur Robert Gouget et son épouse lors de la donation aux Amis du Musée Maritime. Le bateau est en position haute sur la remorque avant son départ pour La Rochelle.

 

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Jacques Gouget (1920-2011), ingénieur formé au Conservatoire des arts et métiers aimait les innovations d’avant-garde.
L’histoire de la métallurgie de l’aluminium commence vers 1890, mais il fallut attendre plus d’un demi-siècle pour la mise au point d’un matériau réellement utilisable. Les premiers succès apparaissent vers 1930 et l’alu devient d’un usage plus banal après 39-45. Pour la marine il fallait résoudre les problèmes difficiles de corrosion et d’assemblage par rivetage pas toujours très étanches. La mise au point des alliages au magnésium résistants à la corrosion dans l’eau de mer et la technique de la soudure à l’arc donneront le vrai départ de la construction navale autour de 1950.

Photo Jean-Yves Poirier
Dominique Picou à la barre de son Moth Gouget restauré par ses soins. Photo Jean-Yves Poirier

Malgré les avantages de résistance et de légèreté, le coût de la mise en œuvre limitait la diffusion aux grands yachts et aux militaires. Peu de chantiers s’étaient risqués à construire des petits bateaux. Ce fut, cette année là, le challenge de Jacques Gouget.

Il conçoit donc un Moth avec une coque à bouchain soudée pour les œuvres vives et rivetée pour le pont avec des  formes un peu évoluées par rapport à l'ancêtre "nantais". Nous avons un exemplaire de ce premier Gouget dans la collection Cette réussite ne lui suffit pas et il entreprend la construction d’un Moth en forme. La chaudronnerie très exigeante en main-d’œuvre ne convient pas pour construire un bateau qu’il veut économique, il  va donc réinventer et adapter la technique étonnante de l’hydroformage. Il s’agit de forcer une plaque d’alu à prendre la forme d’un moule. La pression est exercée par le poids d’une poche d’eau. Plus la colonne d’eau est haute plus la pression est forte comme le savent les plongeurs. Jacques Gouget avait donc installé sa machine à pression chez lui dans l’escalier de la cave avec des poches fabriquées spécialement. La légende familiale conserve le souvenir des inondations provoquées par l’éclatement des poches. On rapporte que ces accidents agaçaient beaucoup Madame Gouget, C’est probable !

Quoi qu’il en soit il faut reconnaître que les coques obtenues ont encore aujourd’hui des formes douces, élégantes et performantes

Couple dans Moth Gouget, photo promotionnelle pour le bateau, vers 1957
Photo promotionnelle pour le Moth Gouget, vers 1957

 

 

 

 

 

Jacques Gouget qui fut aussi un commerçant entreprenant et vigilant déposa plusieurs brevets pour protéger ses inventions et proposa une version sloup avec un foc et même un aménagement du tableau pour utiliser un petit hors-bord.

L’histoire des Moth est bien le rendez-vous des inventeurs, encore aujourd’hui avec des foils et sans doute demain !

Alain Barrès