Souvenirs de régate 2

La baie de Quiberon est un plan d'eau exceptionnel (l'École Nationale de Voile est basée à St-Pierre-Quiberon). Abrité des assauts de l'océan venant de l'ouest par la presqu'île, pas ou peu de courants... allant jusqu'à La Trinité, le Golfe du Morbihan, un formidable espace pour "voileux".

Coupe nationale des Ponant, Carnac, 12 au 15 août 1972

Le Yacht-Club de Carnac, nous a reçu sur une base dédiée aux dériveurs.

"La" régate majeure de la saison : 66 bateaux, beau temps, mer belle...  

 

1ère manche, vent W, force 3 à 4

Premier bord à gauche, tribord direction Quiberon, revenant bâbord on profite d'une adonnante, on est "très bien". À chaque bord on gagne des places. On vire en tête la dernière bouée sous le vent pour finir vainqueurs.

 

2e manche, force 4 à 5

On repart à gauche.... mais je n'ai pas remarqué que le vent avait basculé si vite vers le nord (vent "solaire")... je me retourne, constate la catastrophe, on vire pour revenir vers le gros de la flotte, 53e à la bouée de près... "on ne va pas en rester là"! Mobilisation générale à bord, on profite au maximum des occasions offertes par le vent, bien dégagés des autres... pour finir 8e. A la fin du premier jour, nous sommes leaders du classement général.

 

 

3e manche

Pas de grand événement!

6e sur la ligne d'arrivée

 

4e manche 

Pas de grand événement!

10e sur la ligne d'arrivée

 

 5e manche

Bon départ... tout le monde se marque, mais on avance bien et on est en tête avant le bord de vent arrière...

 

 

 

...Spi établi nous voilà partis à l'aventure: le soleil gène la vue sur l'horizon, impossible de voir la bouée sous le vent... et, erreur, on ne se rappelait pas du cap! Donc on part dans une recherche avec plusieurs petits bords et empannages. Angoisse de perdre notre avantage. Mais nos poursuivants nous suivent à la trace avec les mêmes manœuvres... on ne comprend pas pourquoi! Ayant fait la même erreur que nous, ils me diront à terre "on te suivait, on pensait que tu savais où était la bouée!"

 

 

Donc, tout le monde a zigzagué sur le plan d'eau en se disant "il ne fait pas ça pour rien".

Bouée sous le vent en vue, ouf!!! Contrôle du dernier près, premier sur la ligne!

 

6e manche, force 2-2 ½  après une longue période de vent instable

Prévue à 9h30, départ à 15h, estomac vide... et rien à bord hormis une bouteille d'eau!

mPlusieurs rappels généraux, l'énervement général est palpable.

Je peux encore gagner la coupe, implicitement ce fait génère du stress, la seconde manche (loupée) pèse lourd dans les possibilités de victoire finale... et génère quelques erreurs tout au long du parcours.
Voulant trop bien faire, j'en oublie la vitesse du bateau. Au profit des autres! Je finis 8e.!

Le championnat est gagné par l'équipage de Fécamp – Loisel / Martin – grâce à leur régularité à chaque manche... bien que je sois le seul à avoir gagné 2 manches.

 

En tant que second au classement général, il m'a été offert un spi!

 

Anecdote: leur bateau fécampois était très "particulier", digne d'un musée des "curiosités spéciales", voire une épave. Bateau déjà "ancien" (n° 2759) qui avait bien souffert dans sa vie. Dès l'arrivée à Carnac, réparations d'urgence: puits de dérive réparé "à l'arrache" avec un peu de tissu et de la résine, consolidation du palan de drisse de foc avec du scotch... Pierre Deschamps (constructeur de ces bateaux) était "fou" de voir ça!

Mais Loisel avait un "toucher" de barre absolument magique! Il faisait 2 ou 3° de mieux que les autres au près.

Et tout ça avec "la voile du chien"!!! L'hiver, la voile était remisée dans un grenier... et le chien allait dormir dessus!!! Devinez le look de cette grand-voile. 

 Christian Maréchal

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Commentaires: 1
  • #1

    Frédéric Morand (mercredi, 15 avril 2020 07:35)

    Vraiment très vivant ton reportage, bravo !