Et si tout restait à inventer?

Le Coronavirus a coupé la France en deux: la zone verte et la zone rouge. Attention à ne pas faire d’amalgame et n’ayons pas peur de l’autre et ne le stigmatisons surtout pas. Montrons-nous inventifs en ces premiers jours de notre nouvelle vie. Nous pouvons aussi suivre la citation de Gramsci: "Je suis pessimiste avec l'intelligence, mais optimiste par la volonté".

par Jocelyne Launay


Un peu d’histoire...

Tous les dix ans nous subissons un cataclysme majeur:

  • 27 décembre 1999: la tempête Martin balaie le port des Minimes. Les pontons et les bateaux subissent de graves avaries.
  •  28 février 2010: des vagues énormes envahissent la ville de La Rochelle. De nouveau gros dommages sur les pontons et les bateaux. C'est Xynthia.
  • 17 mars 2020: un Coronavirus nous oblige au confinement. Pas de destruction majeure mais des chocs encore "invisibles".

Des conférences (cliquer ici...) ont été organisées autour de ces sujets pour montrer que rien de ce qui nous arrive n'est surprenant..


1999: la "tempête du siècle"

Il n'y a pas eu de conférence pour cette tempête mais elle reste dans toutes les mémoires (cliquer ici...). Ce sont en fait deux tempêtes Lothar et Martin qui ont balayé pratiquement toute la France fin décembre 1999.

 

Le lendemain de Noël, le matin du dimanche 26 décembre, Lothar détruit la région parisienne et l’Alsace. Des catastrophes en cascades: un géant semble avoir traversé la forêt de St-Germain-en-Laye, les arbres de Marie-Antoinette à Versailles ont été déracinés. Dans les Yvelines plusieurs communes sont restées sans électricité pendant plus d’une semaine! Les toitures ont été arrachées par centaines. Heureusement, peu ou pas de circulation en région parisienne ce jour-là!

 

Le lundi 27 décembre dans la soirée, une deuxième tempête Martin, touche le sud-ouest de la France dont le département de la Charente-Maritime, où 13 personnes trouvent la mort. Les rafales les plus violentes furent relevées à Mandelieu (Alpes-Maritimes) à 205 km/h, sur l'île d'Oléron (au moins 198 km/h, les mesures exactes demeurant inconnues, l'anémomètre du phare de Chassiron ayant été bloqué à son maximum) et à Royan (194 km/h). Vers 19 heures 30, le trafic ferroviaire est interrompu dans le département de la Charente-Maritime. Plusieurs centaines de personnes sont bloquées en gare de La Rochelle et de Saintes. Dans les heures qui suivent, une partie du département est privée d'électricité.

 

Il était prévu que nous descendions en TGV le 30 décembre pour l’inauguration du "Phare du bout du monde". Mais les trains ne circulent plus de Tours à La Rochelle. Des amis nous descendent en voiture. Devant nos yeux se révèle un paysage dévasté, des arbres couchés, de l’eau partout! On comprend mieux l’impossibilité des trains à circuler. Et arrivés aux Minimes un autre spectacle de désolation nous attend: là ce sont les pontons qui se sont décrochés des ducs d’albe et les bateaux se sont retrouvés en amas au fond du port. Des personnes pleuraient car ils avaient tout perdu: beaucoup n’étaient pas assurés.

Notre bateau est très abîmé mais pas "coulé" comme certains mais il est très, très humide. Panique pour le réveillon, mais on a la chance de trouver un restaurant ouvert. Par contre l’inauguration du "Phare du bout du monde" est reportée à juin 2000.

 

À notre retour, le 7 janvier les voies ont été dégagées et les trains circulent. On peut embarquer pour Montparnasse. Mais que de désolation partout!

 

Ci-dessous on peut voir un autocar emporté sur la plage, les bateaux enchevêtrés, les pontons détruits, le bitume du parking du Lazaret comme s'il y avait eu un bombardement! 

Photos Jack Launay.   


2010: la tempête de submersion Xynthia

Nous venons de célébrer le dixième anniversaire de Xynthia (cliquer ici...), tempête de submersion qui a touché les côtes charentaises et vendéennes.

 

Mi-février 2010 on se trouve à La Rochelle afin de caréner le bateau. Aucun problème, même un temps agréable pour la saison. Le bateau est nickel! Le 26 février nous chargeons la voiture pour repartir dans les Yvelines. À l’entrée du port l’atmosphère est très étrange. L’océan est bizarre comme dans un mauvais film. Le 27 dans la soirée la météo classe la Charente-Maritime en "rouge". À 7 heures du matin un ami nous téléphone: "La ville et le port de La Rochelle sont détruits. Ma voiture est morte et les agents du port sont venus nous récupérer sur le bateau!". Il est anéanti. Heureusement Jacques Hilken a les clés du bateau et nous rassure, le bateau n’a pas grand dommage. Il s’avèrera que le peu de dommages montera quand même la note du devis. Par contre nous n’aurons d’accès au bateau que fin mars et que la réparation des pontons mettra quelques mois.

Le port prendra enfin la décision de monter la hauteur des ducs d’albe, ce qu’il aurait dû faire après 1999.

 

Les archives nous apprennent que, loin d’être inédit, ce phénomène a eu de nombreux précédents, parmi lesquels les tempêtes de 1924, 1940, 1941 ou encore 1957 pour n’évoquer que le seul XXe siècle.

Le BRGM, Bureau de Recherche Géologique et Minière a ainsi identifié sur la baie de La Rochelle trois tsunamis d’origine indéterminée, dont celui du 6 septembre 1785 décrit par Seignette et Lambertz, les météorologistes de l’époque.

 

Dans une conférence du 5 mars 2020 (cliquer ici) Thierry Sauzeau et Frédéric Surville ont présenté le fruit des recherches menées autour de cet événement par leur équipe pluridisciplinaire dans le cadre du 4e Océan Hackathon. Quant à Michel Hontarrède, il est intervenu sur le phénomène de seiches, ces vagues atypiques observées dans des bassins fermés et constatées à plusieurs reprises dans le Vieux-port de La Rochelle.


2020: la pandémie du coronavirus

Est-ce un retour de l’histoire (car il y a toujours eu des pandémies) ou bien avons-nous laissé la Chine prendre trop d’importance?

 

La France et ses entrepreneurs ont choisi la décentralisation car les consommateurs demandaient toujours des prix les plus bas possibles. Le "Made in China" est devenu courant dans nos achats. En parallèle le monde s’est mis à voyager dans tous les sens avec leurs microbes et leurs virus dans les valises.

 

François Bellec, dans sa conférence du 22 mars 2019 (cliquer icinous démontre la montée en puissance de la Chine:

"En 2013, c’est le lancement du projet de La Nouvelle Route de la Soie.

Quelques chiffres: 80% du commerce passe par la mer. 14 des 20 premiers ports mondiaux sont chinois. Ninghbo est le plus important port du Monde.

En 2014, la Chine est devenue le premier constructeur naval et le troisième armateur du monde. Elle revendique la totalité de la mer de Chine.

Elle a une capacité astronomique d’investissement. Elle installe des bases, points d’appui dans l’Océan Indien, rachète des ports en Europe : Grèce (port du Pirée), Italie (Gênes, Trieste), Espagne. Elle investit aussi en Afrique afin de récupérer des métaux précieux. Dans le domaine militaire, la Chine construit 20 bateaux par an et elle est devenue la seconde puissance militaire navale du Monde après les Etats-Unis".

 

En conclusion l’Amiral Bellec nous rappelle une célèbre devise de Walter Raleigh: "Qui tient la mer, tient le commerce du monde, qui tient le commerce, tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même".


En ce lundi 11 mai 2020 de déconfinement la météo nous incite à rester à la maison: il pleut à verses et le vent souffle à 70 km/h... et la température est de 9°1 à La Rochelle.