Les coups de folie en régates

Dans la pratique de tous sports, il faut être entraîné, avoir un bon matériel, être en forme... et quelquefois laisser son esprit exprimer ses coups de folie, que l'on peut toujours qualifier de "kamikaze", "déraisonnable", "aberrant", "stupide"...


Mons, Belgique, à 30 km de Valenciennes, 24 septembre 1972

 Photo prise sur le site assoc des propriétaires
Photo prise sur le site assoc des propriétaires

Le Ponant est un bateau populaire en Belgique. 48 bateaux étaient présents à ce rendez-vous dominical, belges, luxembourgeois et français. 

Plan d'eau intérieur... donc vent volage! 

Nous avions décidé avec mon principal, et habituel adversaire, d'échanger nos équipiers pour cette régate. J'embarquais son fils François et Daniel allait naviguer avec Bernard.

Ils ont gagné, j'ai fait second! L'équipier ne fait pas tout!

Lors d'une manche, un peu de vent se lève, direction incertaine! François, très observateur, me dit de continuer sur ce bord qui refuse au-delà du raisonnable... "tu vas voir"... "mais ça refuse!!!"... "continue, continue"... nous voilà partis dans la visite du plan d'eau (non prévue par le syndicat d'initiative!), laissant le peloton au beau milieu, dans la calmasse, jusqu'au moment où François me dit "vas-y". On a quasiment fait le tour du lac, les autres sont toujours plantés au milieu, nous avons récupéré "le" peu d'air à l'autre bout nous permettant de passer devant.... les autres mettront un "certain temps" pour franchir la ligne d'arrivée et reconnaître notre audace.


Etang du Puits (entre Cerdon et Argent s/Sauldre, Loiret),15 avril 1973

Photo prise sur un site de la ville de Cerdon, le nom de l'auteure y figure
Photo prise sur un site de la ville de Cerdon, le nom de l'auteure y figure

 En ce début de dimanche ensoleillé, nous préparons nos Ponant pour la régate du jour. Dans le rituel des "bonjour", il me passe par la tête une idée fanfaronne, totalement débile! Je ne peux que le reconnaître...

Je dis à chacun: "aujourd'hui, c'est mon jour, je gagne les 3 premières manches et je vous laisse la 4e!". Remarque suivie de quolibets tout à fait justifiés: "c'est çà", "mais bien sûr", "tu te prends pour qui?", "les chevilles?"... et autres.

 

On part sur ce bel étang de Sologne (180 ha, créé par un barrage sur la Sauldre), entouré d'arbres, avec une plage de sable fin très prisée des accompagnateurs et des enfants... l'été, l'endroit est "blindé", voire inaccessible.

Je gagne la première manche. Après la pose casse-croûte, je gagne la deuxième... puis la troisième! Les copains sont fous! Je ne participe pas à la quatrième manche...

Le classement se faisant sur les 3 meilleures manches... je gagne la timbale!

Cette idée saugrenue m'a permis de faire un résultat qui ne s'est jamais reproduit dans ma vie de régatier.


Carnac, Championnat d'Europe des Flying Junior, 1975... environ!

Photo prise sur un site assoc de propriétaires
Photo prise sur un site assoc de propriétaires

Le Flying Junior a été conçu en Hollande en 1955, pour l'entraînement des équipages de Flying Dutchman (série olympique); 4,04m de longueur, 9,7m² de voilure, spi de 8m². Les bateaux présents à Carnac, avaient pour la majorité de très belles coques en bois moulé.

Petit temps, fin de matinée ensoleillée, thermique en gestation... Un concurrent suédois, très mal placé débute son bord de vent arrière très loin des autres. Après avoir analysé la situation, il décide de partir quasiment sud, vers le large, tribord au largue sous spi. Il va loin, très loin, très très loin sur ce bord... vraiment fou!

 

Tous les régatiers le font quand le temps est "mou" pour avoir un peu de vitesse quitte à empanner N fois et faire plus de route, mais aller aussi loin... du jamais vu, du jamais fait.

Il empanne, très loin de la flotte, et revient au largue bâbord amure sous spi avec de la vitesse et remonte d'environ 40 places dans le classement!!!

En Zodiac, j'ai suivi cette option folle, je ne pensais pas qu'elle aurait une telle réussite.

 

Conclusion: Il faut, quelquefois, croire à son étoile, aller jusqu'au bout de ses folies, même très folles! Sans oublier de regarder partout, de tout analyser, anticiper et parfois prendre de gros risques. Ce sont les conditions sine qua none quand on fait de la compétition. 

Christian Maréchal