Gardienne du Phare du Bout du Monde

Pour fêter les 20 ans de la réplique du Phare du Bout du Monde, les membres de l’association éponyme ont eu une idée généreuse et originale: offrir 24 heures en solitaire à des "gardiens et gardiennes" volontaires. Cette opération est un grand succès.

 

affiche bleu del'associaion représentant le phareavec au loin dans un paysage imaginaire les tours de La Rochelle
Affiche de l'association Le Phare du bout du Monde

 

Le phare du Bout du Monde de La Rochelle est un phare en face de la pointe des Minimes à La Rochelle.

 

C'est la réplique à l'identique du phare du bout du monde de Patagonie érigé en 1884 sur l'île des États située à l'est de la péninsule Mitre en Terre de Feu.

 

 

C'est un phare en bois de forme octogonale1 et projetant la lumière produite par sept lampes fonctionnant à l'huile de colza sur deux côtés, à travers de gros cristaux. Le faisceau a une portée de 27 km sur un angle de 93°.

 


Une belle expérience!

Notre Amie Catherine Schoenmaker a vécu cette expérience assez extraordinaire et nous la raconte.

Mois d'octobre 2019

La nuit vient de tomber. Un à un les phares s’allument, Chauveau, Chassiron, l’île d’Aix. Le mien aussi, enfin le mien…  pour 24 heures, le Phare du Bout du Monde, dont je suis la gardienne.

en zodiac, en route vers le phare
En direction du phare. Photo Catherine Schoenmaker

En début d’après-midi, André, dit "Yul", et Claire m’y ont amenée en zodiac. La relève est assurée, le deuxième gardien, un grand sourire et des étoiles dans les yeux, descend l’échelle verticale dans son baudrier et saute à bord. "Le temps lui a paru court", dit-il.

 

 

C’est à mon tour de grimper (heureusement j’ai vaincu ma phobie des échelles il y a quelques années…), le sac est hissé par une poulie.

Vue de l'échelle d'accès au phare
L'Accès au phare du Bout du Monde, photo Catherine Schoenmaker
Vue de l'intérieur du phare
Intérieur du phare du Bout du Monde, photo Catherine Schoenmaker

La première impression quand on pénètre dans l’octogone est vraiment chaleureuse: Claire a aménagé l’espace avec goût et simplicité. Le lit de camp s’entoure de voilages pour se protéger du vent, une table et une chaise, un coin cuisine, des toilettes sèches, un hamac et de petites lumières discrètes. Je serai bien ici !

Après les consignes, quelques photos, Claire et Yul sont repartis vers le port, me donnant rendez-vous dans 24 heures, si le temps le permet, ou dans 48h en cas de coup de vent. Cette incertitude me plaît !

Je peux prendre possession des lieux, vider mon sac, chauffer de l’eau sur le réchaud pour un thé, prendre les jumelles et passer des heures à regarder le chenal, les îles, les bateaux de tous genres. J’échange quelques mots avec des rameurs sur leur frêle esquif.

Alors qu’il fait déjà tout noir au large, deux voiliers quittent le chenal… où vont-ils en cette nuit d’automne ? Le vent se lève et les vagues frappent les pilotis de bois. Le plancher est à claire-voie et l’eau qui monte avec la marée  semble vouloir se précipiter à l’intérieur.

Toute la nuit, le vent frappe à la porte, mon bateau immobile grince, mais reste fermement planté à l’entrée du chenal, assurant la veille. Je sors de nombreuses fois sur la coursive surveiller les alentours. La ville brille de mille lumières, et le large s’enfonce dans les ténèbres percées des clins d’œil des phares.

Au matin, des grains surviennent, vidant brusquement leurs nuages noirs. La mer se forme un peu.  Resterai-je 24 heures de plus ? J’aimerais bien !

Vers 14 heures, j’entends le zodiac avant de le voir, c’est une jeune femme qui vient me relever. Tant mieux pour elle, tant pis pour moi.

Depuis, que j’ai posé mon sac à terre, je regarde le Phare avec nostalgie et envie, me sentant proche de celui ou celle qui assure la veille.

Un grand merci à l’Association du Phare du bout du monde, à Claire et Yul qui m’ont offert cet intermède entre le ciel et l’eau.