Le Vendée Globe et les filles

Le Vendée Globe est à ce jour la plus grande course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance. L'événement s'est inscrit dans le sillage du GOLDEN GLOBE qui, en 1968, initia la première circum navigation de ce type par les trois caps (Bonne Espérance, Leeuwin et Horn). Les huit éditions de ce que le grand public nomme aujourd'hui l'Everest des mers, ont permis à 167 concurrents de prendre le départ de cette course hors du commun.

Cette année encore les Sables-d’Olonne sont le théâtre d'un Vendée Globe à la hauteur de ses ambitions. Le premier, le rochelais Yannick Bestaven a fait une course exemplaire, quant à Jean Le Cam, non seulement il a sauvé Kevin Escoffier, mais avec un bateau ancien il arrive 4e! N'oublions surtout pas les filles, Clarisse Cremer qui a battu le record de vitesse féminin, mais aussi Samantha Davies et Isabelle Joschke qui ayant abandonné la course continuent leur tour du monde. Et un coup de chapeau à Pipe HareMiranda Merron et Alexia Barrier qui sont toujours en course.


Clarisse Crémer sur "Banque Populaire X"

Diplômée en business d’une université américaine et de HEC Paris, Clarisse Crémer avait une route toute tracée, bien droite. Mais derrière les murs de l’auguste école de commerce s’agitait déjà la présidente du club de voile de HEC qui, peut-être, se voyait déjà tirer des bords sur l’océan. La voile, Clarisse l’a découverte durant les vacances, entre la Bretagne et les îles anglo-normandes, entre la régate et les premières traversées aventureuses. Et puis est "née" Clarisse sur l’Atlantique. Un modèle de pertinence marketing qui lui a permis de se raconter, jeune femme partant à l’assaut de la Mini-Transat 2017, un exemple de défi personnel. Sur l’Atlantique, pour sa première navigation hauturière, elle s’est révélée aussi bonne navigatrice que communicante, terminant deuxième du classement série. Un miracle ? Pas vraiment. "Dans la classe Mini, il y a essentiellement des gens qui ont un métier. Moi, je bossais en freelance, j’ai pu m’entraîner". Elle sourit, mais elle bosse, donc.


Pip Hare, sur "Medallia"

Pip Hare a découvert la course en solitaire sur le tard, à 35 ans. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir bourlingué puisque la navigatrice britannique affiche au cours de ses quinze ans d'activité comme skipper professionnel, plusieurs dizaines de milliers de milles au compteur, avec entre autres, deux Mini-Transat et une Transat Jacques Vabre. Sa participation au Vendée Globe, elle l’a laissé mûrir jusqu’à ce qu’elle décide que c’était le bon moment. Celle qui s’est nourrie des livres d’Isabelle Autissier rêve de mettre ses pas dans ceux des marins d’exception, même si elle se définit elle-même tout autant comme aventurière que régatière.

Pour construire son projet Vendée Globe, elle n’a pas hésité à prendre des risques, puisant dans ses fonds propres pour disposer du vénérable Superbigou de Bernard Stamm. Depuis, elle a obtenu une aide du port de Poole et de quelques partenaires locaux qui lui permettent de boucler progressivement ses budgets des courses de préparation et, belle nouvelle, depuis cet été, Medallia est devenu son sponsor-titre. Pip Hare sait bien qu’elle ne vient pas pour rivaliser avec les foilers et leurs budgets. Mais faire partager une belle histoire autour du monde suffirait déjà à son bonheur et mobilisera surement l'attention du public.


Miranda Merron sur "Campagne de France"

Il faut un sacré tempérament pour décider d’abandonner une carrière prometteuse dans le monde de la publicité pour s’adonner à sa passion, la course au large. C’est pourtant la voie qu’a choisie Miranda Merron, il y a de ça une quinzaine d’années. Il faut dire que la navigatrice avait quelques atavismes qui lui collaient à la peau : à 9 ans, elle traversait l’Atlantique sur le bateau familial pour la première fois, une expérience qui allait en appeler de nombreuses autres. Petit à petit, elle fait son chemin comme navigatrice où son sens des trajectoires, sa rigueur d’analyse font merveille. Enchaînant les courses en équipage, elle participe aussi bien au Trophée Jules Verne, qu’au Tour des Îles Britanniques avant de se lancer dans le circuit Class40 aux côtés d’Halvard Mabire son compagnon. Ensemble, ils cultivent les mêmes appétences pour le souci du détail technique, pour une navigation respectueuse du matériel, pour une certaine éthique. Leur parcours commun finit de convaincre leur partenaire Campagne de France de les accompagner sur le Vendée Globe. L’arrivée de partenaires emblématiques de son territoire d’adoption, le Département de la Manche et la Région Normandie, renforce davantage encore son envie de bien faire. Si Miranda prend la barre du projet, Halvard Mabire ne sera jamais loin. Même si elle partira seule autour du monde, cette histoire se construit à deux. 


Alexia Barrier, sur "TSE-4Myplanet"

Alexia Barrier, c’est la ténacité : sa présence sur la ligne de départ, pour cette 9e édition, est le fruit d’un travail de très longue haleine. Et d’arguments engagés, qui lui ont permis de fidéliser un club de partenaires regroupant des entreprises, des institutionnels et des mécènes. En février 2018, Alexia acquiert Le Pingouin, l’IMOCA avec lequel Catherine Chabaud prit le départ du Vendée Globe 2000.
Côté courses, la Sudiste a enchaîné les épreuves des IMOCA Globe Series, accumulant ainsi les milles. Sportive accomplie et citoyenne engagée, Alexia Barrier peut tout autant s’aligner au départ d’un triathlon, qu’organiser une journée au profit de femmes en situation d’exclusion ou bien encore sensibiliser les écoliers à la sauvegarde de l’Océan. Créée en 2009, son association 4myplanet a pour rôle d’aider à la préservation de l’Océan à travers la réalisation de missions environnementales et pédagogiques concrètes. TSE, acteur de l’équipement photovoltaïque, s’est engagé à ses côtés cet été.


Samantha Davies sur "Initiatives-Cœur"

Depuis la fantastique deuxième place de Dame Ellen MacArthur en 2000-2001, aucune femme n’est parvenue à monter sur le podium du Vendée Globe. Sam Davies est la seule à avoir frôlé l’exploit majuscule en 2008-2009, s’emparant d’une quatrième place qu’elle ne dut à rien d’autre qu'à son talent et à sa considérable énergie. Et si son deuxième Vendée Globe, en 2012-2013, s’est soldé par un démâtage bien trop précoce, la navigatrice britannique émarge encore et toujours parmi les favoris sitôt qu’elle s’aligne sur une course. Ce ne sera pas en 2020, la faute à pas de chance! A bord d’un bateau au palmarès ronflant mais datant de 2010, la navigatrice anglaise était tout à fait capable de venir se mêler à la lutte pour les places d’honneur. Depuis 2012, Sam n’a cessé d’apprendre, courant la Volvo Ocean Race comme skipper d'un équipage féminin, multipliant les navigations à bord de bateaux menés par des marins de renom pour aller chercher, presque systématiquement, les places d’honneur. En 2017, Sam a succédé à Tanguy de Lamotte aux commandes de l’IMOCA Initiatives-Cœur, se fondant avec un naturel déconcertant dans ce projet atypique. Pour la première fois dans l'histoire de la course, un couple s'affrontera puisque son conjoint Romain Attanasio est, lui aussi, au départ du Vendée Globe. Sam est aussi maman d'un petit garçon, ce qui donne encore plus de sens à son engagement auprès de Mécénat Chirurgie Cardiaque pour sauver des enfants dont l’opération du cœur ne peut prise en charge dans leur pays.


Isabelle Joschke sur "Macsf"

C’est au long cours que la navigatrice franco-allemande exprime le mieux son talent. La carrière d’Isabelle Joschke débute en 2005 quand, après avoir découvert la voile à l’école des Glénans, elle décide de se coltiner au circuit Mini. Après une première traversée de l’Atlantique, elle se lance dans un ambitieux projet, faisant construire un prototype pour la victoire. Elle enchaîne les podiums jusqu’à remporter la première étape de la Mini-Transat et gagner ainsi le droit de convaincre son partenaire de l’époque de la suivre sur le circuit Figaro. Elle y apprend la course au contact, la rigueur qu’il est nécessaire d’avoir quand une épreuve se joue à quelques minutes près. En 2016, elle s’engage en Class40 où son sens de la trajectoire, sa gestion du temps font merveille. Elle est largement en tête de The Transat en 2016 quand elle est contrainte à l’abandon suite à un délaminage de sa coque. Mais sa religion est faite : pour exprimer son goût du large, rien de mieux que le Vendée Globe. En montant son projet IMOCA, Isabelle devient l'une des six candidates de l’édition 2020. Une vraie satisfaction pour celle qui n’a eu de cesse de promouvoir une véritable mixité dans le monde de la course au large et du sport en général. Mais Isabelle s’est sans doute déjà jurée de faire mieux encore en 2024 !

 


Mais la course n'est pas terminée!

NB : vous pourrez aussi suivre la course en direct en téléchargeant gratuitement l’application : "VENDÉE GLOBE" sur Google play ou l’App Store.

 

Photos et textes extraits du site officiel du Vendée Globe : https://www.vendeeglobe.org/fr