En août 1966, le navigateur britannique Francis Chichester partit de l’Angleterre pour naviguer en solitaire autour du monde jusqu’en Australie, aller-retour, via les cinq grands caps à bord de son 16 mètres Gipsy Moth IV,dans un défi pour battre le record de Clipper. Il a accompli le tour en 226 jours (274 jours en incluant l’escale à Sydney) pour établir le record du voyage le plus rapide autour du monde à bord d’un petit bateau.
Aventurier accompli et excellent navigateur, Chichester a attiré l’attention générale grâce à la couverture exclusive par le journal du Sunday Times. En revenant triomphant le 28 mai 1967, il a été nommé chevalier par la Reine Elizabeth II, et est devenu non seulement un héros britannique mais une inspiration pour beaucoup, qui vogueront dans son sillage. Il ne restait plus qu’un seul défi à relever: naviguer en solitaire sans escale autour du monde, et certains navigateurs commencèrent à planifier ce projet.
La course du Golden Globe Sunday Times de 1968 fut la première course à la voile autour du monde. C’était une aventure d’imaginer qui pourrait être le premier à faire le tour du monde en solitaire, sans escale, sans assistance. Neuf marins ont pris le départ, un seul a fini. Ce fût une épopée remportée par le moins attendu, Sir Robin Knox Johnston, à bord de son ketch en bois de 32 pieds, le SUHAILI. Il établit un nouveau record du monde l’année où les premières empreintes furent laissées à la surface de la lune.
Le Golden Globe Challenge, première course en solitaire autour du monde et qui peut ainsi être considérée comme l'ancêtre du Vendée Globe – la toute première tentative de naviguer seul sans escale autour du globe. Il n’y avait pas de frais d’inscription, pratiquement aucune règle ni exigence de qualification car la plupart de ceux qui s’engagèrent, étaient déjà bien avancés dans leur projet pour tenter ce défi quoiqu’il en soit. En offrant un trophée au premier homme à réussir à naviguer en solitaire sans escale autour du globe via les cinq grands caps, et un autre prix de 5000 livres britanniques pour celui qui réaliserait le meilleur temps, le journal a créé une course unique et une incroyable histoire à raconter pour augmenter la communication. Neuf personnages hauts en couleur, aux talents nautiques variées, ont pris le départ de diverses endroits, avec une étrange collection de voiliers. Il n’y a eu qu’un seul finaliste : Robin Knox-Johnston et son gréement traditionnel, ketch à trois mâts, le Suhaili, qui au départ, était considéré comme le bateau le plus improbable et n’ayant aucune chance. Le reste de la flotte a coulé, ou bien a pris sa retraite, ou s’est suicidé. Le français Bernard Moitessier a continué à naviguer dans son solide voilier, le JOSHUA, faisant le tour du Cap Horn, puis a poursuivi son voyage pour un second circuit sur l’Océan Austral qui s’est terminé à Tahiti pour «sauver mon âme» dit il, plutôt que de revenir à la civilisation; Vainqueur probable et d’une renommée certaine. Donald Crowhurst a fait un "voyage imaginaire" autour du monde, tout en naviguant, en réalité en cercle dans l’Océan Atlantique. Il a simplement transmis de faux rapports de position dans l’espoir de tromper le monde. Finalement, cette déception lui a joué un tour et il a perdu l’esprit, tout étant décrit avec beaucoup de détails dans son journal de bord, jusqu’à ce qu’il se laisse finalement glisser par dessus bord, dans un suicide apparent. Son trimaran fût retrouvé à la dérive, abandonné. La course Golden Globe du Sunday Times est rapidement devenue une légende pour les marins comme pour les non-marins, avec son triomphe, et ses tragédies et son épopée humaine face à l’inconnu.