Argonaute "Panocis"

Premier bateau conçu pour les écoles de voile. L'Argonaute est un bateau célèbre, qui marque une étape importante dans l'histoire de la plaisance populaire.

En 2017, ils sont peu nombreux ceux qui en ont vu, et pour ceux qui ont navigué dessus, il faut vraiment chercher.

L'apparition de l'Argonaute sur les plans d'eau en 1942 marque une étape importante dans l'histoire de la plaisance populaire. On sait que le gouvernement de Vichy avait entrepris d'encourager les jeunes Français à la pratique des sports, nautiques en particulier.

Le Maréchal Pétain annonçait dès le mois d'août 1940: "Les projets actuels du ministre de la Jeunesse visent à rendre à la race française (sic) santé, courage, discipline" (Pétain, Août 1940) et la propagande de rajouter "L’air, le soleil, l’eau, le mouvement voilà qui refera une race (re-sic) vigoureuse" (Revue Compagnons en 1942).

Le Commissariat Général à l’Éducation Générale et Sportive (CGEGS) dirigé dès juillet 1940 par le champion de tennis Jean Borotra fut chargé de la mise en œuvre de cette volonté. En ce qui concerne les activités nautiques, les efforts dirigés par le commandant Rocq vont se concentrer sur les plans d'eau intérieurs puisqu'il n'y a pas d'autres choix et sur la construction amateur, la plus accessible en ces temps de disette. D'ailleurs le gouvernement prend les mesures pour que les constructeurs puissent disposer des fournitures nécessaires. Pour les écoles de voile Jean-Jacques Herbulot dessina l'Argonaute, un petit voilier aux formes simplifiées mais de construction classique avec une quille et un gréement bermudien. Plusieurs flottes se constituèrent, en particulier sur le plan d'eau de Choisy-le-Roi, sur le lac d'Annecy et principalement à Socoa (Saint-Jean-de-Luz) où fonctionnait depuis 1935 la plus ancienne de nos écoles de voile. A la Libération ces flottilles reprirent du service, en particulier aux Glénans et furent largement à l'origine du mouvement de démocratisation de la plaisance, avec d'autre bateaux comme les Caneton et les Moth. Dans les années 1950 l'Argonaute fut supplanté par le Vaurien, plus simple à construire en série, plus léger grâce au contreplaqué et plus facile à manipuler puisque sans quille. Marcel Brousse (né en 1924) raconte que 4 ou 5 Argonaute naviguaient sur la base de Choisy-le-Roi en 1954; mais ils étaient très fatigués surtout les voiles en coton, gréées sur un enrouleur pour le foc. Les coques étaient peintes en noir(?)

Aujourd'hui les Argonaute ont pratiquement disparu, on estime qu'une centaine furent construits et il n'en resterait que trois : un figure à l'inventaire du musée de la Marine, un autre ici présenté appartient aux Amis du Musée Maritime de La Rochelle, le troisième en très mauvais état serait à Audierne (dans la famille Le Bour également bien connue des amateurs de Snipe).