Yann Quenet et son baluchon

L'atelier Conférences des Amis du Musée Maritime de La Rochelle, vous propose une conférence à l’auditorium du Musée maritime

Le jeudi 4 mai à 18 heures 

 

Un pot clôturera cette conférence

 

Participation : Adhérent : 6 € / Non adhérent : 7 € / Invité : gratuit

 

Inscription obligatoire au Carré des Amis ou par tél. 05 46 27 20 47 avant le 1er mai


Mon tour du monde avec mon baluchon

Yann Quenet racontera son périple autour du globe à bord de Baluchon, le voilier de quatre mètres qu’il a construit lui même avec 4 000 euros, un bon couteau suisse, beaucoup de débrouille et de créativité.

 

Né à Nantes, il y a 53 ans, d’un père peintre en bâtiment et d’une mère secrétaire administrative, établi à Saint-Brieuc, si Yann Quenet a toujours aspiré à faire le tour du monde, c’est un peu par hasard, lorsqu’il était interne dans un lycée de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), qu’il a découvert la voile via la lecture d’un Eric Tabarly ou d’un Alain Gerbault. Trop timide pour rejoindre une école de voile, c’est en autodidacte qu’il apprit la navigation, noircissant ses carnets de centaines de plans de bateaux.

 

Le 18 mars 1969, alors qu’il s’apprête à gagner la première circumnavigation en solitaire et sans escale avec Joshua,dégoûté de la société industrielle et ses turpitudes, Bernard Moitessier décidait de ne pas remonter vers l’Europe et ses «faux dieux» et de continuer sa «longue route» vers le Pacifique. Il devenait ainsi pour toute une génération une icône des «déserteurs». Yann était en recherche d’autonomie, de liberté, de fuite aussi sans doute. L’idée de faire un tour du monde prit alors racine.

 

Premiers essais, premiers échecs. Il coule en août 2015 avec Skrowl, un mini-voilier de 4,40 m avec lequel il avait quitté la Bretagne pour un tour du monde deux mois plus tôt. Secouru in extremis par un cargo au large du Portugal, l’envie de repartir le reprend dès son retour à terre. "J’avais tout perdu, je n’avais plus aucun moyen financier. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse un bateau rapide à construire avec les 4000 euros que j’avais en banque". La simplicité des formes et des matériaux choisis lui a permis d’échapper aux emprunts et aux sponsors. "Le fait d’être tout petit rend complètement libre". » Et tant pis pour le confort : "Je préfère être dans les nuages que sur un matelas épais".

 

Démissionnant d’un emploi très ennuyeux de gratte-papier à la Direction Départementale de l’Equipement, l’argent étant le nerf de la guerre Yann crée une micro-entreprise de conception et de construction de petits bateaux en contreplaqué tout en cogitant dur pour concevoir le remplaçant de Skrowl. Et au printemps 2016, huit mois après son naufrage, il commençait la construction de Baluchon, un nom très adapté à son programme : petit, léger, vite construit, sans chichis. Quatre mètres de long, 1,60 m de large, plus étroit que Skrowl mais surtout équipé d’une quille plus profonde avec un bulbe, une sorte de torpille en acier de 150 kilos située à 90 cm sous la flottaison, afin d’augmenter considérablement le couple de redressement qui avait fait défaut à Skrowl.

 

En 1987, un australien du nom de Serge Testa avait réalisé un tour du monde sur un bateau (AcrohcAustralis) de 3,60 m. Mais on le devine aisément, Yann n’est pas un homme « à faire l’intéressant ». Faire la course à l’échalote, entrer dans le livre des records ne l’a jamais intéressé. Non, ce qui motive Yann depuis le début c’est vivre l’ultime rêve d’évasion loin du monde terrestre avec un bateau simple à faire naviguer, économique et fiable…"un bateau de fainéant", dit-il avec humour.

 

C’est ainsi qu’au printemps 2019, après quelques essais en mer histoire de vérifier si son Baluchon flottait bien et surtout s’il pouvait se remettre à l’endroit une fois la tête en bas, Yann Quenet quittait la Bretagne cap sur le Portugal, second point de départ de son voyage, Baluchon posé sur une remorque-benne pas vraiment en règle avec le code de la route, pas assurée et tractée par une camionnette poussive.

 

La suite : trois années de mer avec des moments d’extase, des tempêtes impressionnantes et pas mal de claques. Des paquets de nouilles chinoises et des sardines souvent pour seule nourriture. "En mer, explique Yann, on apprend à « faire avec ce qu’il y a », à se laisser porter par le courant, jusqu’à lâcher parfois totalement prise".

 

Parti au printemps 2019 à bord de Baluchon, de retour à Trébeurden trois ans plus tard, Yann Quenet prépare une nouvelle expédition, cette fois dans les pôles. Toujours sur un micro-voilier, construit grâce à ses modestes économies. En attendant le départ, prévu pour l’hiver 2023, il continue de griffonner des plans de bateaux « bizarres, mais néanmoins géniaux". "La capitalisation, dit-il… et on le croit sur parole… ce n’est pas trop mon truc".

 

Texte de Benoît Ruelle


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